Agamy, pour un vignoble engagé
Il y a 2 ans, 17 vignerons d’Agamy, unis par la volonté d’améliorer leurs pratiques à la vigne, ont créé le « groupe écophyto 30 000 » . Leur mission ? Construire un itinéraire technique afin de limiter au maximum les intrants chimiques , avec le travail du sol par exemple.
Le rôle du sol sur la vigne
Pour se développer, la vigne a besoin de nutriments : l’azote, le phosphore, le potassium et les oligoéléments. Elle trouve ces nutriments dans le sol, cependant, ils ne sont pas directement accessibles. Pour pouvoir les assimiler, elle a besoin de micro-organismes qui seront plus ou moins présents selon un certain nombre de facteurs. On parle alors de la vie du sol .
Notre groupe 30 000 s’est interrogé sur l’impact d’un mode de culture sur la vie du sol . Et pour mener à bien cette analyse, il a décidé d’enfouir dans les vignes… Des slips !
Pourquoi un slip ?
L’idée peut paraître surprenante, c’est pourtant une manière très simple et ludique de visualiser la vie dans les sols : le niveau de dégradation du slip nous permet d’évaluer l’activité biologique du sol !
A noter qu’il faut un tissu en coton bio car c’est une matière dont les micro-organismes raffolent.
Mais alors pourquoi un slip et pas un t-shirt ? Tout simplement parce que si tout le tissu se dégrade, on ne retrouvera aucune trace de notre expérience ! On prend donc des slips car l’élastique reste intact et ne se dégrade pas.
Le process
Fin mars, chaque vigneron a enterré 2 slips dans une parcelle : 1 sous le rang, entre 2 ceps et 1 autre dans l’inter-rang (chacun d’entre eux gérant différemment l’enherbement dans leur vigne). On leur a donné rendez-vous 2 mois après pour voir le résultat.
Les résultats
Mi-juin, chaque vigneron a donc déterré ses slips !
Voici ce qu’on a observé :
D’abord, tous les slips sont dégradés hormis ceux qui ont été enterrés en boule et non à plat. C’est bon signe : cela prouve que nos sols sont vivants !
Ensuite, nous constatons une différence entre les slips qui ont été plantés au nord du Beaujolais et ceux au sud : au nord, la dégradation est meilleure, ce qui peut s’expliquer par la nature du sol , bien plus sableux ! Par ailleurs, les parcelles travaillées sans intrants chimiques présentent une dégradation des slips plus importantes que les autres. On en déduit que le changement de pratique a amélioré la vie du sol .
Au sud, il semblerait que la typicité du sol ait un effet plus important que le type de viticulture choisi . Les slips sont plus dégradés dans les sols sableux que dans les sols argileux et calcaires. Le manque d’eau ce printemps a dû amplifier ce phénomène : sans eau, les micro-organismes ont plus de mal à dégrader les éléments . Contrairement à ce que l’on pouvait attendre, les slips présents sous un couvert végétal sont moins dégradés. Ici aussi, il peut y avoir un effet sécheresse.
L’avantage de cette technique ? Elle est très facile à mettre en œuvre. Pas besoin de microscope puisqu’on raisonne à l’échelle globale ! Porte d’entrée vers l’amélioration de la vie des sols, cet essai permet également un échange entre les viticulteurs et leurs techniques. En revanche, l’inconvénient à souligner est justement le manque de précision : il va être plus difficile d’expliquer précisément pourquoi une parcelle a dégradé le slip plus rapidement que sa voisine.
Prochaine étape : rendez-vous dans 3 ans pour renouveler l’expérience afin de préciser ces résultats face à d’autres conditions climatiques . Merci à nos vignerons pour leur implication !