🚜 Colère du monde agricole

Aujourd’hui, nos agriculteurs sont dans la rue. Aux infos, vous entendez les revendications, le mécontentement. Dans votre quotidien, vous voyez les tracteurs, vous vivez les blocages et les actions de cette population habituellement silencieuse.
Dans ce contexte inédit, il nous semblait important de prendre la parole au nom de notre cave coopérative : en effet, derrière Agamy, 255 familles de vignerons sont concernées, la plupart étant polys cultivateurs. Il y aurait beaucoup à dire concernant la fillière vin et ses contraintes, mais dans cet article, nous allons vous parler de l’agriculture dans sa globalité.
Sébastien Coquard, notre Président, vous explique les enjeux de ce soulèvement inédit du milieu rural.

Crédit photo : JA FD 01 69

Sébastien, peux-tu nous rappeler ton environnement familial ?
J’ai 43 ans et je travaille la vigne depuis mes 18 ans. Je suis issu d’une famille d’agriculteurs : nous sommes vignerons de père en fils depuis 4 générations.
Ma famille m’a transmis l’amour pour la terre, le respect de la Nature. J’ai été élevé dans l’exigence du travail bien fait.

Peux-tu nous dire pourquoi on vous entend beaucoup plus depuis la semaine dernière ?
De toute ma vie, je n’ai jamais vraiment manifesté. D’abord, parce que j’ai été élevé ainsi, on nous a toujours appris la discrétion. Ensuite, parce qu’il y a toujours des situations plus difficiles que la nôtre.
Mais aujourd’hui, c’est un ras-le-bol et le monde agricole est au bord de la rupture. Ce qui met le feu aux poudres dernièrement, c’est un sentiment d’injustice, d’incompréhension. On veut dire stop aux injonctions contradictoires d’une société qui nous demande de laver plus blanc que blanc quitte à disparaître et qui consomme des produits venus de l’autre bout de la terre avec des conditions de production inacceptables.

Nous avons connaissance de vos revendications globales, mais peux-tu nous expliquer le principal problème ?
Je ne veux pas m’attarder sur les problématiques de rémunération et de prix des carburants car c’est une réalité rencontrée par 100 % des Français. Je vais plutôt vous citer ici trois points plus spécifiques qui posent un gros souci pour la pérennité de l’agriculture française :

  • D’abord, la France est adepte de la lourdeur administrative et a pour habitude d’ajouter de la complexité à des normes Européennes. Pour résumer, si une directive Européenne sort, elle sera transposée presque à l’identique, en quelques pages, dans chaque pays d’Europe. En France, ce ne sont pas quelques pages, mais 90… Il y a actuellement une sur-exagération de la directive Européenne appliquée sur le sol français. Et en outre, aucune proposition pour accompagner l’agriculteur à se mettre en conformité. La meilleure illustration : la gestion des haies et ses… 14 normes !
  • Ensuite, le gouvernement nous impose des normes drastiques, mais dans le même temps, importe des produits issus de l’agriculture Européenne, qui ne respectent pas ces normes ! On a sacrifié la betterave française, mais nous consommons toujours du sucre : les betteraves qui fournissent ce dernier respectent-elles les mêmes règles qui empêchent la production française ? Quid des œufs portugais dont les poules vivent en cage, pratique interdite en France ? Je pourrais parler des fraises et de beaucoup de fruits mais je vais terminer cet exemple avec la cerise, fierté des Monts du Lyonnais qui est menacée de disparition à cause de règles de production sans alternatives alors que les cerises Espagnoles arrivent sur nos étals en ne respectant pas nos normes sanitaires. C’est de la concurrence déloyale.
  • Enfin, dans le cadre des accords de libre-échange, nous traitons avec des pays dont les normes environnementales et sociales sont en-dessous des prérequis. Chez Agamy, nous sommes engagés en faveur du développement durable, nous avons mis en place une politique RSE, nous réfléchissons sans cesse à la manière d’avoir une activité la moins impactante possible. Ce sont des faits que nous pouvons prouver et nos collègues agriculteurs travaillent dans le même sens pour la plupart. Entendre les conditions sanitaires et sociales ayant trait dans certains pays dans lesquels la France se fournit… Cela nous met en colère.

Il me semble important de prendre la parole car malgré tous nos efforts, tous nos engagements, nous nous sentons trahis et non considérés. Nous sommes engagés en faveur d’une agriculture propre, nous encourageons la biodiversité, nous faisons tout pour laisser une planète plus saine à nos enfants, et à côté, les gouvernants sont depuis 20 ans complètement détachés des réalités du monde agricole. Il y a un bras de fer malsain entre agriculture et écologie, qui n’a pas lieu d’être car nous avançons tous finalement dans la même direction.

Que proposes-tu pour changer les choses ?
Nos vignerons sont mobilisés pour faire vivre ces contestations, pacifiquement, à la recherche d’un monde qui marche à l’endroit et d’une société Française qui prend conscience de l’importance qu’a sa souveraineté alimentaire.
Agamy continuera sa prise de parole sur les réseaux, dans son territoire avec ses élus locaux, et avec ses clients qu’elle accueille.
Agamy Vignobles, société citoyenne et engagée, poursuivra sa contribution à préserver le patrimoine viticole pour le transmettre aux générations futures. Ce sont elles qui inventent l’agriculture de demain !
Et bien sûr, nous continuerons, collectivement, à travailler avec passion pour vous fournir les meilleurs vins possibles, pour que perdure la tradition du savoir-faire français.

Crédit photo : JA FD 01 69

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